dimanche 30 septembre 2012

Samedi 29 septembre (jr 32): Rabanal del Camino à El Acebo (16,5 km)

Les monts de León
Dès notre départ ce matin, nous commençons la montée des Monts de León; ce sera une journée de 350 mètres de montée et de 350 mètres de descente.  Le seul village que nous rencontrons est Foncebadon, un village en ruine qui renaît peu à peu grâce au Chemin.

Village de Foncebadon

Puis nous continuons à grimper à travers des boisés de plus en plus austères jusqu'à la Cruz de Ferro (croix de fer) à 1500 mètres d'altitude.  C'est l'endroit où tous les pèlerins s'arrêtent pour laisser un souvenir ou une pierre.  Je laisse Serge aller y déposer sa pierre et Shaela un peu des cendres de sa mère.

A la Cruz de Ferro, les pèlerins y laissent un souvenir

Nous avançons ensuite dans des paysages grandioses, quasi déserts, que le soleil et le temps doux rendent encore plus agréables malgré les difficultés du parcours.

Dure montée mais paysages splendides

A Manjarin, nous saluons au passage Tomas, l'hospitalero-templier un peu fêlé.  Nous rencontrons des  pèlerins de luxe qui marchent en groupe, qui logent d'hôtel en hôtel et font toujours transporter leurs bagages. C'est curieux de voir les femmes bien maquillées, bien coiffées et qui ont leurs souliers tout propres. Ils marchent rapidement et dépassent les pèlerins fatigués par plusieurs semaines de marche.

A Manjarin, Tomas, l'hospitalero-templier
 
Après avoir franchi un col à 1517 mètres d'altitude, nous entreprenons une descente très raide par un sentier de roches.  Un bruit de sabots attire notre attention; c'est que derrière nous un couple avance avec leur cheval gris qui transporte son lot de bagages. Nous arrivons à El Acebo après 5 1/4 de marche.

Des pèlerins avec leur cheval

Nous nous arrêtons à l'albergue Meson El Acebo pour la nuit. Au restaurant de l'albergue sont déjà attablés les pèlerins de luxe, ainsi qu'une famille espagnole qui célèbre un baptême. Nous dînons en compagnie de Shaela et Andrea qui continuent ensuite leur marche jusqu'au prochain village.  Nous nous demandons comment ira la descente après tout le vin et le digestif qu'elles ont pris.  Les pèlerins de luxe continuent aussi leur marche vers une plus grande ville où il y aura un hôtel pour les accueillir.

Arrivée à El Acebo

Nous montons à l'étage nous installer dans le dortoir qui loge 18 personnes.  Nous occupons 2 lits du bas et nos voisins du haut des lits sont un couple d'allemands âgés qui ont bien de la difficulté à grimper.

Notre dortoir à l'albergue Meson El Acebo

samedi 29 septembre 2012

Vendredi 28 septembre (jr 31): Murias de Rechivaldo à Rabanal del Camino (17,1 km)

Enfin le Cocido Maragato
Les pèlerins dorment profondément ce matin. Nous nous réveillons à 6h45, très peu de personnes sont levées; nous devons préparer nos sacs à la lumière de nos lampes de tête.  Après un bon déjeuner à l'albergue, nous nous mettons en route à 7h45 et partons par un sentier dans la campagne et bientôt nous pénétrons dans une forêt de conifères. Plus les jours passent, plus le paysage devient vert.

A un croisement de sentiers nous retrouvons Sophie, la contemplative, qui s'arrête toujours pour admirer les levers de soleil qui illuminent toute la nature.  Nous faisons un bout de chemin avec elle.  Un peu plus loin, Jacques le français-flamand du Nord-Ouest de la France se joint à nous et nous parle de son coin de pays et de son séjour en Ontario il y a quelques années. 

Nous nous arrêtons à El Ganso au bar Cowboy Meson, un peu étrange dans cette région aux villages médiévaux.  Sans s'en rendre compte, nous montons graduellement jusqu'à Rabanal del Camino et nous nous arrêtons à l'albergue la Senda El Tesín; c'est petit mais confortable.  Au 2e étage il y a une jolie cuisine avec un foyer qui nous garde au chaud.

Arrêt au bar Cowboy Meson à El Ganso

En remontant la rue, nous trouvons le restaurant "La Posada de Gaspar" qui annonce "El cocido maragato"; voilà notre chance d'y goûter.  C'est un mets qui ressemble à notre bouilli québécois mais servi en étapes.

1er plat : les viandes (jarret de porc, poulet, saucisse, lard salé)
2e plat : des pois chiches et du chou
3e plat : la soupe aux nouilles préparée avec le bouillon de la viande à laquelle on ajoute la balance des pois chiches.

C'est tellement bourratif que nous n'avons pas faim pour le souper.

Dans les rues de Rabanal del Camino

A 19h00 nous allons à la chapelle du monastère où les moines chantants célèbrent un office religieux.  La chapelle est remplie de pèlerins.  Si je m'étais fermée les yeux, je serais tombée endormie car les moines récitaient des prières en latin et chantaient toujours sur le même ton plaintif.  J'aurais aimé mieux assister à une messe gospel.

Célébration ennuyante dans la chapelle du monastère

Au retour de la célébration à la chapelle, nous assistons à un magnifique coucher de soleil, nous laissant présager une belle journée ensoleillée pour demain.

Coucher de soleil sur Rabanel del Camino

vendredi 28 septembre 2012

Jeudi 27 septembre (jr 30): Santibañez à Murias de Rechivaldo (16 km)

Un chef d'oeuvre de Gaudi
Nous nous levons sans bruit car les brésiliens dorment encore. Nous nous apprêtons à aller déjeuner au bar voisin mais il n'est pas ouvert bien que dans le guide "Miam-Miam Dodo" il est indiqué qu'il ouvre à 6h00.  Nous avalons une barre tendre avec de l'eau et nous nous résignons à attendre au prochain village (8 km) pour prendre notre café, lorsqu'en sortant de l'albergue à 7h15 nous voyons le propriétaire dans la porte du bar; nous pouvons finalement partir après le café du matin mais sans pain grillé ni marmelade car il n'en sert pas, sa femme dort encore.

Nous partons par un sentier rocailleux qui longe une ferme où les vaches sont déjà dans le pré.  Quelques kilomètres plus loin nous pénétrons dans une forêt de chênes verts puis arrivons à un kiosque où un jeune ermite offre, contre une contribution "donativo", des rafraîchissements et quelques aliments aux pèlerins. J'y trouve pour la première fois du voyage du beurre d'arachides qui au goût me semble passé date depuis longtemps.

Arrêt à un kiosque d'aliments tenu par un jeune ermite
 
Au bout de 10 kilomètres, nous voyons apparaître au loin  la cathédrale d'Astorga; mais avant d'y arriver nous devons traverser San Justo de la Vega que l'on aperçoit au loin lorsque nous arrivons à la Croix de Santo Toribio.

Croix de Santo Toribio

Nous arrivons enfin à Astorga après avoir traversé les passerelles surplombant les voies ferrées et avoir longé la route qui nous conduit aux abords de la ville.

Arrivée à Astorga

Nous parcourons les rues, puis nous voyons se profiler le Palais épiscopal  qui dresse ses lignes néo-gothiques sorties tout droit de l'imagination de l'architecte catalan Gaudi. L'intérieur du palais est une pure merveille; c'est une visite qui vaut amplement les quelques euros que nous y avons laissés.

Nous allons ensuite visiter la cathédrale dont la construction s'est étalée sur 300 ans, ce qui donna lieu à différents styles architecturaux: gothique à l'intérieur et baroque à l'extérieur.

L'intérieur de la cathédrale d'Astorga

Avant de repartir, nous cherchons un restaurant où nous pourrions goûter à la spécialité d'Astorga "El cocido Maragato", mais ils ouvrent tous à compter de 13h30.  Nos estomacs ne voulant pas attendre, nous nous rendons dans un café-bar où nous mangeons une salade et une bocadilla (sandwich avec du pain croûté).

Nous reprenons la route jusqu'à Murias de Rachivaldo qui se trouve à 4 kilomètres plus loin, et nous nous installons pour la nuit à l'albergue Las Aguedas qui est très bien aménagé et très paisible.  Nous terminons l'après-midi dans la cour intérieure en écoutant de la musique classique qu'un pèlerin fait jouer sur sa tablette (il a même apporté de petits haut-parleurs).

L'albergue Las Aguedas

Les hospitaleros nous servent un excellent souper et pour la première fois depuis le début du voyage on nous sert du brocoli.   Nous sommes 20 personnes dans un grand dortoir au haut plafond, les lits à deux étages sont confortables et nous avons chacun une couverture car les nuits sont fraîches en ce temps-ci de l'année.

jeudi 27 septembre 2012

Mercredi 26 septembre (jr 29): Villar de Mazarife à Santibañez (19,4 km)

Prendre un p'tit coup
Youpi! Il y a des céréales pour le dejeuner ce matin; c'est la 2e fois que nous en avons depuis le début de notre voyage.  Comme vous voyez, sur le Chemin ça ne nous prend pas grand chose pour nous rendre heureux. 

A notre départ ce matin, il fait très froid; nous portons chandail, manteau, capuchon (2 pour moi) gants (2 paires pour moi), mais nous sommes en pantalons courts, quelle mauvaise idée; demain nous sortirons de nos sacs les pantalons longs.  Heureusement le soleil se montre vers 8h30 et nous cessons de grelotter.

Arrivée à Hospital de Orbigo

Nous faisons notre premier arrêt à Villavente dans la jolie albergue Santa Lucia, après avoir marche 9,5 kilomètres dans la campagne, à travers les champs de maïs.  Nous entrons ensuite dans Hospital de Orbigo par le remarquable pont de pierres qui enjambe la rivière Orbigo; il fut rendu célèbre par un combat chevaleresque qui eut lieu en 1434 pour venger l'honneur d'une dame.  Hospital de Orbigo est une jolie ville où il aurait fait bon nous arrêter mais il est seulement 11h30 et nous décidons de continuer notre route jusqu'a Santibañez.  Nous allons un peu le regretter ......

Le célèbre Pont Orbigo

Dans ce petit village, il n'y a qu'un albergue paroissial très défraîchi; les lits laissent à désirer, les toilettes et les douches sont à l'exterieur et pas très invitantes.  Quoi faire à 13h30 dans ce village perdu où il n'y a rien à voir ?  Serge dort tout l'après-midi et moi j'écris et j'écoute de la musique "Serge Reggiani". Nous serons très reposés demain pour visiter Astorga.  Naturellement, il n'y a pas d'Internet ni de téléphone public.  Il fait froid dans l'albergue, mais comme nous sommes 6 dans une petite chambre (nous, plus 3 brésiliens et un israélien) on va se tenir au chaud cette nuit.

A 19h00, c'est l'heure du souper et les pèlerins se réunissent autour de la table, et la magie opère. 

Hercule, l'hospitalero italien, nous a préparé un succulent risotto, une salade, du poulet et des patates qu'il nous sert avec toute sa bonhommie un peu brusque.  Il nous annonce qu'il n'y a pas de dessert mais qu'il va nous offrir de la Queimada; c'est une boisson préparé dans un bol à punch avec du "Orujo" (alcool forte), du sucre, une pomme, une orange, un citron, une banane.  Il fait flamber le tout pendant plusieurs minutes et avec une louche il fait couler le liquide, ce qui fait monter la flamme. Il trempe son doigt dans la boisson et avec la flamme au bout du doigt, il y goûte.  Il nous invite a faire de même; j'ai essayé et ça marche, ça ne nous brûle pas.  Il nous en sert dans un bol; c'est fort mais délicieux.  Quand il n'en reste plus, Hercule en fait une 2e recette. Les pèlerins sont de plus en plus joyeux.  Après avoir épuisé la boisson, Hercule nous demande si ça nous dérange s'il fume de la marijuana,  pour le taquiner je lui dis "en autant que tu partages".  Hercule me prend au mot et va dans la cuisine nous preparer un pichet de lait chaud avec du miel et de la marijuana et nous en sert. 

Mes fils, pour la première fois de leur vie, vos parents ont goûté à l'herbe magique. A 10h00 tous les pèlerins sont au lit et font de beaux rêves.

Hercule préparant le punch flambé

Voici le fameux Hercule

Aujourd'hui nous avons marché 5 1/4 heures.  Bonne nouvelle: Serge a moins mal aux jambes et l'ampoule de mon petit orteil est guéri.

mardi 25 septembre 2012

Mardi 25 septembre (jr 28): León à Villar de Mazarife (21,7 km)

De la pluie et du vent
Nous quittons l'hôtel à 7h30 ce matin.  Nous passons devant l'hôtel Parador et le Musée San Marcos qui sont situés dans un ancien couvent bâti vers 1513 et qui possède une façade plateresque truffée de rajouts baroques; il y a une profusion de coquilles St-Jacques sur la muraille de l'église.  Si nous avions été plus vaillants hier, nous aurions pu venir visiter le musée.

Il commence à pleuvoir et nous mettons nos nouveaux imperméables.  Je dis "nouveaux" car hier pendant que j'étais à l'Internet, Serge est allé magasiner et nous a acheté ces imperméables qui ont des manches, sont fermés sur les côtés et qui ont une poche à l'arrière pour le sac à dos.  Maintenant nous avons dans nos sacs 2 ponchos et 2 imperméables.  Serge n'aimait pas les ponchos, disant qu'ils ne nous protégeaient pas les bras et qu'ils prenaient dans le vent. Je n'étais pas d'accord avec lui mais comme il se charge de les transporter, je n'ai plus d'objections.

Sous la pluie, en quittant León

Nous marchons pendant 1 1/2 heures avant de quitter la ville et la banlieue, puis nous prenons la Calzada de los Peregrinos, loin des routes achalandées; nous passons ensuite par les villages La Virgen del Camino, Oncina de la Valdoncina et Chozas de Abajo avant d'arriver à Villar de Mazarife à 14h15, notre destination de la journée.

Tout au long de la journée, il a plu par intervalles et venté très fort, un vent de face, ce qui nous demandait beaucoup d'efforts pour avancer.  Finalement les nouveaux imperméables nous ont bien servis avec ce vent. Même le cheval que nous rencontrons porte un imperméable.

Un cheval bien protégé de la pluie

Une heure avant d'arriver à destination, nous avons dû nous arrêter car la jambe gauche de Serge lui faisait très mal.  J'ai même pensé terminer notre marche en autobus, mais il n'y en avait aucune avant quelques heures.  Finalement, après un arrêt de 20 minutes au bar, et une bonne friction de ses jambes, Serge s'est senti capable de terminer les derniers 4 kilomètres avant d'arriver à Villar de Mazarife.

Ce soir nous sommes à l'albergue San Antonio de Padua dans une chambre à 8 lits où nous sommes seulement nous deux.  Shaela et Andrea viennent nous rendre visite car elles sont dans le grand dortoir où tout le monde fait la sieste.

Notre dortoir privé à l'albergue San Antonio de Padua

Le souper servi à l'albergue est délicieux: une salade (pas de la iceberg pour une fois), une gaspacho, une paella végétarienne et une crêpe au chocolat pour dessert, le tout avec de l'eau et du vin.  Le prix: 9 euros par personne.  Cela va rappeler des souvenirs à Louise et à Richard qui se sont arrêtés ici il y a quelques années lors de leur périple sur le Chemin de Compostelle.

Souper à l'albergue en compagnie de Shaela et Andrea

La cuisinière prépare la paella végétarienne

Nous avons marché 6 3/4 heures.

Lundi 24 septembre (jr 27): León

Une journée de vacances
Ce matin Serge fait la grasse matinée jusqu'à 8h30; il a dormi 10 1/2 heures en ligne.  Pour ma part, j'ai été réveillée à 5h30 par des voisins de chambre qui partaient tôt.  Vite j'ai mis mes bouchons d'oreilles et je me suis rendormie.  J'ai dû acheter 4 paires de différents bouchons d'oreilles avant de trouver ceux qui fonctionnent parfaitement pour moi.  Je suis maintenant à l'épreuve des ronfleurs et des lève-tôt.

Il fait bon flâner aujourd'hui dans les rues étroites de León; il y a beaucoup de boutiques et de restaurants.  Cette journée de repos est vraiment agréable.  Nous ne réalisions pas à quel point nos corps étaient fatigués; ce n'est pas une mais deux siestes que nous faisons.

Promenade dans les rues de  León

En nous promenant, nous retrouvons Martine et Guy qui prennent le train demain pour retourner à la maison; nous leur faisons nos adieux et espérons rester en contact car c'est un couple vraiment sympathique.  Nous croisons aussi Sheila et Andrea qui ont déniché un charmant hôtel très moderne au nom bizarre "G!H".  Sheila a mal aux jambes tout comme Serge; elles prennent aussi une journée de repos à León.

Rencontre avec Andrea et Shaela

Vers la fin de l'après-midi nous allons visiter la magnifique cathédrale Santa Maria construite au 12e siècle et qui est de style gothique-roman. Grâce à ses immenses vitraux, elle baigne de lumière; nous y voyons une statue de la vierge enceinte, ce qui est assez rare.

Cathédrale Santa Maria de León 

A l'intérieur de la cathédrale

Jusqu'à date nous avons marché 475 kilomètres et il nous en reste 315 jusqu'à Santiago. C'est très encourageant. Les dommages collatéraux : Serge a mal aux jambes et moi j'ai une ampoule au petit orteil gauche.

lundi 24 septembre 2012

Dimanche 23 septembre (jr 26): Mansilla de las Mulas à León (19 km)

L'orgueil masculin prend le bord
Nous nous mettons en route à la noirceur à 7h15 après avoir déjeuné avec nos provisions dans la cuisine de l'albergue.  Aujourd'hui Serge fait transporter son sac à dos par Jacotrans.  Il doit avoir bien mal aux jambes pour que son orgueil de mâle accepte de me laisser porter le sac à dos et lui non.  Il m'a même offert de porter mon sac à quelques reprises mais j'ai refusé car le mien est très allégé aujourd'hui et il se porte bien.

Serge marchant sans son sac à dos sur la meseta

Le premier village que nous rencontrons est Villamoros de Mansilla à 4 kilomètres de notre point de départ.  C'est un village-rue qui était déjà mentionné dans les récits du 12e siècle.  La route 601, très achalandée en ce dimanche matin, passe à travers le village.  Puis les villages de Puente Villarente, Arcahueja, Valdelafuente se succèdent les uns après les autres rendant notre parcours plus distrayant.  Des montées et des descentes se suivent comme pour nous donner un avant-goût de ce qui nous attend dans les prochains jours. A l'aire de repos d'Arcahueja, nous retrouvons avec plaisir Martine et Guy que nous croisons souvent depuis notre séjour à la casa rurale d'El Molino d'Hornillos del Camino. Ils nous quitteront bientôt car cette année il termine leur marche à León.

Rencontre avec Martine et Guy de Charente-Maritime

5 kilomètres avant l'arrivé nous voyons apparaître León qui s'étire dans tous les sens.  Puis nous traversons une enfilade de passerelles pour piétons qui passent au-dessus de la voie ferrée.

A  León, traversée de passerelles au-dessus de la route 

Nous entrons dans la ville en suivant les flèches jaunes qui sont nombreuses.  Au tournant d'une rue, une dame espagnole nous interpelle et nous indique un autre chemin pour nous rendre à la cathédrale.  Naturellement il n'y a pas de flèches sur le chemin qu'elle nous fait prendre et nous demandons notre route à plusieurs reprises pour se rassurer.

Dans les rues de  León

Nous arrivons enfin à la cathédrale et cherchons maintenant la rue du petit hôtel Guzman où nous avons réservé une chambre pour deux nuits.  Heureusement nous trouvons le Centre d'information touristique et, munis d'une carte de la ville, nous arrivons à l'hôtel qui est tout près de la cathédrale.  Le programme de l'après-midi est assez simple : douche, lavage, dîner et dodo, ce qui est très approprié car le temps s'est rafraîchi et il pleut par intervalles.

Notre chambre à l'Hôtel Guzman

Nous rencontrons en ville Rod qui loge avec Mary au Paris Hotel.  Mary est malade depuis quelques jours et ils ont dû interrompre leur marche jusqu'à Santiago.  A compter de demain ils prendront l'autobus pour se rendre dans les principales villes le long du Camino et à partir de Sarria, Rod marchera seul les 100 derniers kilomètres avant d'arriver à Santiago.  Ils tiennent vraiment à vivre cette expérience car c'est un projet qui leur tenait à coeur.

Aujourd'hui nous avons marché 5 3/4 heures.

P.S. - J'ai transmis à Serge vos bons conseils d'aller voir un docteur pour ses jambes, mais il résiste.  Jusqu'à date il consulte les pharmaciens et essaie différents traitements.  Aujourd'hui (lundi) nous faisons une pause à León et il dit qu'il va mieux.  A suivre .....

Samedi 22 septembre (jr 25): El Burgo Ranero à Mansilla de las Mulas (18,9 km)

Journée difficile pour Serge
A 7h30 nous quittons El Burgo Ranero où tout le monde, sauf les pèlerins semblent encore dormir.  Serge a des élancements sur le devant des jambes et doit marcher plus lentement.  Par chance la route d'aujourd'hui est longue mais sans difficulté.  Nous marchons le long d'une route pendant 3 heures (12,5 km) jusqu'à Reliogos, sans nous arrêter sauf pour une pause pipi; Serge devant un arbre et moi derrière un réservoir d'eau.

Paysage au lever du jour en route pour Reliogos

Puis après un autre 6,4 kilomètres, nous arrivons à Mansilla de las Mulas où nous cherchons un endroit pour la nuit. Sur les conseils d'un couple allemand rencontré en route, nous optons pour l'albergue municipal qui est situé sur une rue piétonnière agréable.  Cependant l'albergue est assez vieux et nous sommes dans un petit dortoir de 20 personnes; heureusement les pèlerins avec nous sont silencieux.  Ce n'est pas le cas dans le dortoir voisin où un groupe d'espagnols qui voyagent ensemble parlent très forts.  Serge en profite pour faire une sieste bien méritée.

Serge fait la sieste et repose ses jambes 

Nous n'avons pas un beau jardin pour relaxer aujourd'hui mais une cour intérieure encombrée de tables, de chaises et de sèche-linge.  Mais ça fait partie du voyage; à chaque jour nous découvrons de nouveaux paysages, une nouvelle ville ou village, goûtons à la cuisine régionale et faisons des choix judicieux ou  non pour nous reposer.

Dans le jardin de l'albergue municipal de Mansilla de las Mulas

Après avoir dîné tard à la Casa Marcelo, nous n'avons pas vraiment faim ce soir, alors  nous achetons quelques provisions à l'épicerie et mangeons dans la cour intérieure de l'albergue.  L'hospitalero soigne les ampoules d'un pèlerin (pour rigoler, elle apporte une scie comme ultime solution pour guérir le pied), tandis qu'un jeune pèlerin joue de la guitare.  D'autres sont dans la cuisine en train de préparer leur souper.  Il y a beaucoup d'ambiance ce soir.

L'hospitalero soigne les ampoules d'un pèlerin

Nous avons marché 5 1/4 heures aujourd'hui.

samedi 22 septembre 2012

Vendredi 21 septembre (jr 24): Sahagun à El Burgo Ranero (18,1 km)

Des anges-gardiens sur notre route
Nous quittons le Monastère à 7h15 après avoir déjeuné en compagnie de 2 jeunes brésiliennes qui font le Camino en vélo; elles prévoient prendre 12 jours pour effectuer le trajet entre St-Jean-Pied-de-Port et Santiago, ce qui fait une moyenne de 67 kilomètres par jour.

Serge souffre toujours de sa tendinite et il dit que c'est comme avoir des poids aux chevilles.  Pendant les 4,5 premiers kilomètres nous marchons le long d'une route où passent beaucoup de voitures; les espagnols se rendent à leur travail.  A Calzada del Coto nous avons le choix entre deux routes: la Calzada Romana par le Nord ou El Camino Real par le Sud.  Nous voulons aller vers le Sud mais les indications ne sont pas claires.  Devant nos hésitations, un cycliste nous fait des signes de l'autre côté de la route et nous indique le bon chemin.  Puis un camionneur nous klaxonne et nous montre également le chemin.  Le pèlerin n'est jamais perdu longtemps sur le camino; les âmes charitables veillent sur lui.

Maintenant le sentier, bordé d'arbres, longe une route secondaire où passe peu de voitures.  Juste avant d'arriver à Barcianos del Real Camino, nous voyons à notre gauche l'Ermitage de Perales qui date du 16e siècle et qui est déserte.

Au bout de 10 kilomètres, il est 9h30, nous nous arrêtons pour une pause-café et nous voyons arriver Sheila et Andrea qui s'empressent à se joindre à nous.  Nous nous entendons pour prendre une chambre à quatre à l'albergue Esbalo Tamaú à El Burgo Ranero.  Cependant à notre arrivée au village à 12h00, nous découvrons que l'albergue est maintenant fermée.  Nous plaçons alors nos sacs dans la file d'attente à l'albergue municipale qui n'ouvre qu'à 13h00.

La file d'attente à l'albergue municipale

En attendant, nous allons visiter l'albergue La Laguna plus loin au village.  Devant le grand jardin de l'albergue, nous sommes conquis et retournons chercher nos sacs afin de nous installer à La Laguna.

Moment de détente à l'albergue La Laguna avec Shaela et Andrea

Nous allons ensuite dîner au restaurant de l'hotel Pierdras Blancas. C'est en jasant avec Sheila que nous apprenons que les origines de son père sont Cajuns, les acadiens déportés en Louisiane; la langue française s'est perdue au fil des générations.

Il n'y a pas de café-internet dans le village, donc ce sera une autre journée sans blogue.  Nous terminons l'après-midi en faisant la sieste sous les parasols aux toits de paille dans le jardin.  Plus tard nous allons faire des achats à l'épicerie du village et Sheila nous cuisine des pâtes à la pancetta et aux épinards pour souper. L'albergue a une très jolie cuisine digne d'un bon restaurant.

Souper à l'albergue préparé par Shaela

Nous avons marché 4h45 aujourd'hui.

Jeudi 20 septembre (jr 23): Terradillos de los Templarios à Sahagun (14 km)

Serge soigne sa tendinite
Nous sommes les derniers à quitter l'albergue ce matin.  Rien ne nous presse car nous n'avons que 14 kilomètres à marcher pour nous rendre à Sahagun où nous nous arrêterons pour la journée afin de permettre à Serge de soigner sa tendinite qui affecte ses deux jambes.  Il fait froid et nous partons avec chandails, manteaux et gants.

En entrant dans Moratinos, 3 kilomètres plus loin, nous voyons à notre droite les portes de caves à vin au bas de monticules de terre.  Ensuite le chemin grimpe légèrement .  Le soleil se montre et nous rangeons nos manteaux dans nos sacs.

Caves à vin à Moratinos

Au bout de 3 autres kilomètres, nous nous arrêtons à San Nicolas del Real Camino pour une pause-café à la jolie albergue Laganares, décorée avec goût.  En sortant du village, le chemin suit la route 120 jusqu'à Sahagun que l'on voit déjà apparaître au loin.  Près de l'église San Juan de Sahagun, nous voyons déjà des pèlerins attendant l'ouverture de l'albergue Le Cluny, qui ne nous inspire pas confiance.  Heureusement ce n'est pas l'endroit que nous avons choisi pour aujourd'hui.  Nous continuons jusqu'au bout de la ville où nous découvrons le Monastère bénédictin de la Santa Cruz.  C'est l'endroit idéal pour se reposer tellement c'est paisible.  Le décor a conservé son charme d'autrefois et l'édifice est bien entretenu.  Nous prenons une chambre privée (30 Euros) et décidons d'y prendre aussi nos repas, ce que nous ne regrettons pas car c'est excellent.

Monastère bénédictin de la Santa Cruz

En route, nous avons croisé sur une terrasse Martine et Isabelle qui sympathisent avec Serge et partagent leur crème miracle "Gel professionnel Silicium".   Après la sieste de l'après-midi, en se promenant en ville pour trouver un café internet que nous ne trouvons pas, nous rencontrons Sheila et Andrea assises dans les marches de l'albergue municipal situé juste à côté de l'église San Juan de Sahagun peinte de couleurs vives.  Elles nous croyaient déjà très loin car elles ne nous avaient pas vus depuis deux jours.  Nous les amenons visiter le Monastère où nous logeons.

Église San Juan de Sahagun

Nous nous reverrons sûrement bientôt car nous nous rendons dans la même ville demain.

Aujourd'hui nous avons marché 4h00.

mercredi 19 septembre 2012

Mercredi 19 septembre (jr 22): Carrión de los Condes à Terradillos de los Templarios ( 26,3 km)

Les 3 meilleurs amis du pèlerin
Changement de programme aujourd'hui; nous devions marcher jusqu'à Calzadilla de la Cueza soit 16,8 km mais nous avons décidé de continuer jusqu'à Terradillos de los Templarios (9,5 km plus loin) car le temps est frais et venteux.  Nous gagnons ainsi une autre journée sur notre itinéraire, ce qui nous permettra peut-être de réaliser un projet que nous avons en tête.  Nous vous en reparlerons dans les prochains jours.

Ce matin je dormais tellement bien que Serge a dû me réveiller à 6h30. Nous allons déjeuner au restaurant La Corte où le serveur commence à nous connaître maintenant.  A 7h30 nous commençons à marcher à travers la ville où c'est l'heure de pointe des marcheurs tellement nous sommes nombreux.  

Comme nous marcherons 26,3 kilomètres aujourd'hui, je fais transporter mon sac à dos jusqu'à Terradillos et je voyage léger.  Coco, le petit ourson de Camille, a perdu ses amis, Doudou et Nga, qui partent avec le sac à dos de grand-maman. 

Selon moi, les 3 meilleurs amis du pèlerin sont : les ibuprophènes ( il paraît que ça guérit tous les maux de la tête aux pieds; les serviettes sanitaires (les pieds s'en portent mieux); la genouillère (pour les genoux faibles). J'ajouterais en 4e position, les transporteurs de sacs à dos (pour les corps malades ou fatigués).

Sur le chemin nous rencontrons deux dames françaises de la région de Charente en France; Martine possède avec son mari un vignoble où ils produisent du cognac et le fameux Pineau des Charentes, tandis qu'Isabelle vit sur une ferme avec son mari qui est aussi un gîte pour les passants.  Comme bien des français, elles marchent sur le Chemin pendant deux semaines à chaque année. Elles s'arrêtent cette année à León.  Nous rencontrons aussi deux pèlerins, pas jasants du tout, qui voyagent avec leur âne.

Pèlerins voyageant avec un âne
 
Pendant 16 kilomètres, nous marchons sur un sentier bien droit et dépourvu d'arbres, entre les champs de blé; heureusement que le vent nous accompagne car ce serait torride en pleine chaleur.  Nous ne rencontrons qu'une petite cantine sans toilettes, c'est donc pipi dans la nature.

16 kilomètres sur la meseta

Au bout de 4 heures, nous arrivons au village de Calzadilla de la Cueza où tous les pèlerins prennent d'assaut le restaurant Camino Real. Le propriétaire doit faire des affaires d'or car c'est le seul du village et l'unique lieu de ravitaillement depuis ce matin.

Il nous reste ensuite 9,5 kilomètres à parcourir sur un sentier qui longe la route 120 où passent de rares voitures.  Pour me distraire, j'écoute pendant deux heures du Gilles Vigneault sur mon MP3; ses rigodons me font marcher plus vite, "Gros-Pierre" me met la larme à l'oeil. Quand je fredonne le refrain "I love you, vous ne m'entendez guère, I love you vous ne m'entendez pas" de la chanson "I went to the market, mon p'tit panier sous mon bras", les pèlerins qui me dépassent rient beaucoup.  Lorsque nous arrivons à Terradios de los Templarios à l'albergue Los Templarios à 14h15, j'écoute "Madame Adrienne" et je pleure comme à chaque fois que j'entends cette chanson.

Albergue Los Templarios

Aujourd'hui Serge a marché avec une tendinite à une jambe; peut-être qu'il ne boit pas assez d'eau.  De la glace et des Advils le soulagent beaucoup.  Il commence à avoir le rhume aussi.  Décidemment, j'ai contaminé tout le monde.  Heureusement que j'avais réservé une chambre privée (36 euros, c'est pas cher) car il peut se reposer.


Aujourd'hui nous avons marché pendant 6h45.

mardi 18 septembre 2012

Mardi 18 septembre (jr 21): Fromista à Carrión de los Condes (20,8 km)

Vive les serviettes sanitaires
Le déjeuner est servi à l'albergue ce matin, nous partons donc le ventre plein à 7h15.

Hier Serge a acheté des serviettes sanitaires pour la première fois de sa vie.  C'était pour mettre dans nos bottes afin de les rendre plus moelleuses et pour absorber l'humidité de nos pieds.  Ça fonctionne très bien, je n'ai plus mal à ma petite orteil  et Serge n'a plus de douleurs sous le pied.

En suivant le sentier, marqué par des bornes à l'éfigie de la coquille de St-Jacques, le long de la route 980 nous arrivons à Poblacion de Campos après seulement 3 kilomètres. Puis le sentier part à travers les champs.

Sentier le long de la route 980

De chaque côté du sentier nous voyons de longs bacs de pierre qui débouchent sur des puits profonds, c'est un système d'irrigation qui permet de récupérer l'eau de pluie pour les terres cultivées.  C'est sûrement efficace, car jamais nous n'avons vu des champs de tournesols aussi verts avec encore beaucoup de fleurs jaunes.

A droite, bacs du système d'irrigation

Au bout de 2 heures de marche (à 8 km), nous nous arrêtons à Villovieco pour une pause café et napolitana.  Le ciel est nuageux et le temps est frais ce matin, quoi demander de plus pour marcher.  A noter que ça fait 18 jours que nous n'avons pas eu de pluie.

Je suis les conseils de ma soeur Louise, je contracte mes abdominaux en marchant pour protéger mon dos car aujourd'hui je marche avec mon sac. Puis quand nous nous arrêtons, j'étire mon dos. Jusqu'á maintenant ça fonctionne très bien.

Nous choisissons ensuite de partir par le chemin qui longe la rivière Ucieza, qui n'est qu'un sentier de broussaille.  Nous ne voyons que le lit de la rivière car elle est complètement à sec.  L'autre alternative aurait été de marcher le long de la route 980 mais ça ne nous tentait pas. En quittant la berge nous voyons se dresser au loin la grande Ermita de la Virgen del Rio.  Lorsque nous arrivons tout près, nous pouvons admirer son architecture mais elle était bien déserte l'ermita.

L'Ermita de la Virgen del Rio

Nous voulions passer par l'Alto de San Cristobal mais nous manquons les indications du chemin et passons plutôt par Villacazar de Sirga où nous nous arrêtons pour nous reposer.  C'est aussi une bonne occasion pour saluer le pèlerin sculpté attablé sur la plaza.

Serge saluant le pèlerin sculpté

Maintenant nous devons longer la route 980 pour nous rendre à Carrión de los Condes; heureusement il y a un sentier aménagé pour les pèlerins en bordure de la route. Nous rencontrons un pèlerin qui porte sur son sac à dos des panneaux solaires; c'est incroyable ce que la technologie oblige à faire. Nous n'en revenions pas et nous avons pris une photo.

Deux kilomètres avant d'arriver à Carrión, notre sentier est bloqué par des camions qui terminent l'aménagement du sentier et nous devons marcher sur l'accotement de la route, avalant la poussière que propagent les camions et les tracteurs car les fermiers labourent aussi leurs champs près de la route. 

Sentier aménagé pour les pèlerins sur le bord de la route

Le pèlerin doit être tolérant et patient et continuer sa route.  A 12h30, soit après 5 1/4 heures de marche, nous arrivons à Carrión de los Condes et cherchons l'albergue Espiritu Santo tenu par les Filles de la Charité de Saint-Vincent-de-Paul.  Notre persévérance a été récompensée car l'endroit est très grand, immaculé et très propre.  Nous sommes dans un grand dortoir avec des lits simples recouverts de couvre-lits.  Les petites soeurs sont très accueillantes et souriantes.

Notre dortoir à l'albergue Espiritu Santo

Une soeur de la Charité de St-Vincent-de-Paul accueillant les pèlerins

Après la douche et le lavage des vêtements, nous allons dîner au restaurant La Corte. C'est tellement bon que nous décidons d'y retourner ce soir.  De plus, ils servent le déjeuner á compter de 6h00 demain matin.

Nous avons retrouvé Sheila et Andrea qui logent au même endroit que nous ce soir.  Elles ont le nez qui coule à leur tour.